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Peut-être faut-il parfois s’éloigner pour mieux revenir.

Posted on juin 30, 2025juillet 1, 2025 by thyeks

Peut-on vraiment être prophète dans son pays ?


Cette réflexion commence par une évidence…

Peut-être faut-il parfois s’éloigner pour mieux revenir.

Parce que, parfois, l’excellence dérange plus qu’elle ne rassure.

Parce que certains écosystèmes préfèrent la prévisibilité à l’innovation.

Parce qu’il existe des marchés où l’on craint plus le changement qu’on ne l’espère.

Mon retour du Festival de Jazz de Montréal

Je suis dans l’avion, en train de revenir du Festival de Jazz de Montréal, où Malika Tirolien et son groupe GeminiCrab m’ont invité à assurer la technique. Ils m’ont confié le rendu technique de cette opération. Déjà, je les en remercie : accompagner une artiste et gagner sa confiance n’est pas chose facile.

Les artistes, ces gens passionnés sont souvent d’abord amoureux d’un instrument avant de l’être de la musique elle-même. Ils consacrent des heures à penser, concevoir, investir temps, argent et amour dans des projets qui ne leur rapportent pas toujours à la hauteur de leur engagement — et encore moins à la hauteur du bien-être qu’ils nous procurent.

Cette mission montréalaise me ramène à une réflexion plus large sur mon métier, sur ce que signifie accompagner des créateurs dans leurs projets les plus intimes.

Cette expérience, comme tant d’autres avant elle, me rappelle que…

Être technicien, c’est plus qu’exécuter

Accompagner ces artistes exige des qualités humaines : tact, écoute, compréhension. Il faut saisir l’essence du projet, ce qui l’anime, et comprendre ses créateurs — leurs espoirs, leurs doutes.

Un technicien n’est pas qu’un exécutant : il est une interface entre un monde souvent abstrait et une réalité physique qui doit être traduite et concrétisée. Pour ma part, je me considère comme un fournisseur de solutions, un artisan de la technique qui en fait un art pour emmener un projet toujours plus loin.

Cette approche, je l’ai développée au fil des années, projet après projet, échec après succès.

La confiance, ce socle fragile et précieux

Pour que ce travail soit possible, il faut instaurer confiance, intimité, lâcher-prise, sans oublier la fermeté que confère l’expérience. Car nous sommes aussi là pour anticiper des écueils, forts de nos échecs passés et des leçons apprises. Certains le comprennent, d’autres moins.

J’ai eu la chance de gagner la confiance de nombreux artistes et équipes. Parfois cela a porté ses fruits, parfois non — c’est la réalité des relations humaines : rien n’est jamais acquis.

Et c’est justement cette confiance acquise qui rend encore plus douloureux le contraste que je vis aujourd’hui.

Entre reconnaissance mondiale et vide local

Ces expériences m’ont permis de parcourir le monde, de performer devant des milliers de personnes, parfois sur des missions si sensibles qu’il était interdit d’en parler. Le genre de projets où la moindre erreur peut signifier un retour précipité chez soi. Des collaborations avec des artistes dont je tairai les noms par pudeur — et aussi parce que ceux que ça intéresse vraiment sauront les trouver.

Malgré cela, j’ai souvent été salué, encouragé, remercié à l’international. Et pourtant, chez moi, en Guadeloupe, force est de constater que ces compétences et ce savoir-faire restent sous-exploités, parfois même ignorés. Mon agenda est vide, mes propositions sans suite.

Comment expliquer que je sois chaleureusement reconnu d’un côté de la mer, et si peu sollicité de l’autre ? Cette question me hante depuis des mois.

Le poids d’un système figé

La réalité, difficile à exprimer ouvertement, est qu’il existe parfois des environnements où la nouveauté, l’exigence et la qualité peuvent être perçues comme déstabilisantes. Dans certains cercles, la stabilité apparente, la prévisibilité et les habitudes sont préférées aux remises en question, même lorsque celles-ci pourraient être bénéfiques à long terme.

Ces équilibres, souvent délicats, limitent la place laissée à ceux qui souhaitent innover ou apporter un souffle nouveau. Et sans ressources suffisantes ou réseau solide, il devient complexe d’influencer durablement un système qui, par inertie ou confort, peut rester imperméable à l’évolution.

Face à ce constat, me voilà confronté à des choix que je n’avais pas anticipés.

Et maintenant ? Les questions qui me traversent

Je ne regrette aucun de mes choix — revenir chez moi, m’engager, créer, transmettre — mais aujourd’hui, je m’interroge profondément. Est-il encore pertinent de persévérer dans cette voie ?

Mon fils grandit, il est en âge de décider pour lui-même. Dois-je continuer à lui montrer qu’on peut réussir en restant ? Ou dois-je lui enseigner qu’il faut parfois partir pour mieux construire ? Quel exemple veux-je lui donner : celui de la persévérance envers et contre tout, ou celui de l’adaptation intelligente ?

Ces dix-neuf années d’aller-retours entre l’extérieur et chez moi m’ont-elles appris quelque chose d’essentiel, ou m’ont-elles enfermé dans une boucle stérile ? Ai-je été naïf de croire qu’on pouvait changer les choses de l’intérieur sans avoir le poids financier suffisant ?

Le monde est plus instable que jamais, les marchés évoluent, l’intelligence artificielle transforme nos métiers, la masse salariale diminue partout. Mon équilibre extérieur/intérieur, déjà fragilisé par la crise sanitaire, n’a pas retrouvé sa stabilité. Dans ce contexte, continuer à attendre que les choses changent ici n’est-il pas de l’aveuglement ?

Et puis, il y a cette question qui me taraude : et si mon attachement à ce territoire était devenu un frein plutôt qu’une force ? Si ma loyauté, que je croyais vertueuse, m’empêchait en réalité de grandir et, paradoxalement, de mieux servir ce même territoire ?

Et puis, il y a tous ces visages qui ont jalonné ce parcours. Ceux qui m’ont fait confiance, qui m’ont soutenu, qui m’ont parfois donné ma chance au fil de ces années. Qu’ils soient encore présents dans ma vie ou que nos routes se soient écartées, je leur garde une reconnaissance sincère. Sans rancune pour les malentendus, sans regret pour les chemins qui divergent — sans amertume, car chaque rencontre, chaque collaboration a contribué à forger qui je suis aujourd’hui et, j’en suis certain, qui je serai demain.

Au final: I’m Ready

Toutes ces interrogations m’amènent à une évidence que je partage ici, en toute humilité :

Peut-être faut-il parfois s’éloigner pour mieux revenir.

Peut-être qu’ailleurs, je pourrai devenir prophète, ou au moins apôtre, avant de revenir construire, investir, transmettre et, enfin, contribuer pleinement au développement de mon territoire.

Car parfois, c’est en venant de l’extérieur qu’une révolution devient acceptable.

Category: Guadeloupe, Identité & Culture, Musique & Métiers de la scène, Réflexions & Engagements

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